Bon il faut que je raconte ce que c'est qu'Halloween (c'est étonnant ce qui se passe, la correction automatique me souligne Halloween en rouge et me propose aimablement "phallocentrique" à la place. bon moi je veux bien, mais ça va être beaucoup moins facile à comprendre après) chez les gens qui le fêtent vraiment. Ici halloween ce n'est pas cette fête irrespectueuse du 31 Octobre pour laquelle Benjamin et Caro se sont déguisés en squelette pour demander des bonbons aux voisins du dessus l'année dernière, mais si tu sais bien, au mépris de tout le recueillement pourtant dû aux défunts. Non ici halloween ça s'étend sur presque une semaine, et les gens sont globalement très très contents et très préocuppés par leur programme, leur costume, etc. (c'est si pratique, etc, quand on sait qu'en l'occurence il n'y a rien de plus qui les préoccupait, mais bon la phrase aurait été achevée de manière beaucoup trop subite) . DONC. Depuis jeudi soir nous avons fait plein de choses différentes, toutes liées de près ou de loin à l'idée de citrouille.
Jeudi soir, nous nous sommes rendus, quelques copains du monde et moi-même, dans l'un des batîments du campus au 19ème étage duquel avait été mis en place un "haunted floor". Ca avait quelque chose de fondamentalement flippant dans la mesure où même en temps normal, cet étage est entièrement abandonné, personne ne s'y rend vraiment. C'est un peu comme "celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom" mais pour un étage, en fait. Le principe était donc celui d'un train fantôme sans train. C'est pourquoi je suis partie avec l'idée que toute cette petite mise en scène ferait surement preuve d'un amateurisme suffisamment profond pour ne pas trop nous provoquer de cardiaqueries. Erreur.
La "visite" se faisait groupe par groupe, accompagné d'un étudiant guide/éclaireur/lampe torche. Nous avons donc commencé par faire face à l'habituelle conversation where are you from /we're from everywhere/oooh that's awesome I have a friend in Clermon-Ferrand avant de nous engager dans l'ascenseur avec un monsieur déguisé en tueur de Scream. Il était mignon. Il ne disait rien et essayait simplement de faire peur, jusqu'à cet instant où il décida d'envoyer avec violence son poing dans la paroi de l'ascenseur. Là ça faisait peur. Ensuite on a démarré la visite. Il s'agissait en fait d'une succession de scènes relativement glauques et morbides tout le long de l'étage, et c'était vraiment plutôt bien réalisé. Mais bon, il reste toujours cette conscience que les "méchants" ne sont autres que nos camarades de classe potentiels, ce qui fait vite retomber les angoisses. Ca donne ça: on traverse une longue salle bordée des deux cotés par des tables parsemées de morceaux de viandes et éclairées par un néon blafard (je me suis d'ailleurs toujours demandé si on utilisait vraiment cet adjectif avec d'autres noms que néon, mais ce n'est qu'une préoccupation personnelle) et clignotant à intervalles irréguliers. Il y a une dame en blouse toute pleine de sang en face de nous, qui essaye de nous faire peur. Bon. Je fais la maligne, de type on s'en fout on t'avait déjà vue avant, même pas peur. Et c'est là que d'autres gens en blouses sanglantes s'extirpent en rampant de sous les tables qui nous entourent, et m'agrippent le pied. Là, je crie. Et c'était tout le temps comme ça. C'est pas profondément effrayant, mais on a cette fâcheuse tendance à hurler un bon nombre de fois lorsque tous ces gens jaillissent là où on ne les attendait vraiment pas. Ce joyau de réalisme durait approximativement 20 minutes, suite auxquelles nous subîmes dans l'ascenseur un quasi-savon de la part de notre accompagnatrice, dont l'ongle de pied avait été partiellement détruit par le bond violent et non calculé de l'un ou l'autre d'entre nous. C'est pas de notre faute, on avait peur, on est foreign et on comprends pas. :)
Ce même soir d'ailleurs, histoire de raconter les histoires dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, les cafétérias du campus étaient joyeusement décorées, et les "dame de cantine" déguisées. c'était presque féérique. (cantona)
Vivian a beau faire pipi pour essayer de récupérer l'attention des japonaises, rien à faire. Alors Pablo et micro-Mélanie essayent de sauver la photo en affichant leur sourire le plus pur.
Une très bonne photo sur laquelle on aperçoit cependant le mini cimetière , les pendouilleries au plafond, l'obscurité et accessoirement le rayon soup and salads.
Et ce même soir était également organisée une grande chasse aux bonbons, un grand "Trick or treat" dans les residence halls du campus, ce qui nous a permis d'assister à un défilé de jeunes êtres humains en costume, accompagnés de leur parents, dans les couloirs des bâtiments, toquant à chaque porte pour récolter quelques friandises au beurre de cacahuète, ou parfois également des friandises au beurre de cacahuète. Nous leur avons donné d'étonnants bonbons japonais moyennement appétissants, ils ont dû en être comblés. En tout cas c'était vraiment trop mignon.
J'ai pensé que vous seriez contents de voir un bonbon japonais. Bon d'accord ça a pas l'air si peu appétissant, et ça a même l'air rose et doux, mais promis c'était pas très bon.
Le lendemain, la première chose américaine à laquelle j'ai assisté/participé eut lieu en cours de socio. La prof nous avait annoncé que quiconque se pointerait en classe avec un quelconque déguisement ce vendredi se verrait récompenser de 3 point bonus . Ce qui en soit n'est pas énorme, sur un total de quelque chose comme 400 points pour le semestre, mais le principe reste fascinant. J'ai eu un petit faible pour la tentative de la prof de restreindre les éventuelles excentricités de la part d'éventuels excentriques ou, tout simplement , d'étudiantes américaines. (nous y viendront plus tard) Elle a donc gentiment glissé qu'il lui serait agréable que les filles ne choisissent pas de costumes trop "slutty" , et que les garçons évitent de faire des choses comme se déguiser en Michael Jackson et installer un bébé en plastique dans leur entrejambe, note de bon-goût dont l'avait gratifiée un élève l'an dernier. Bon. Résultat? 4 étudiants déguisés, dont deux douteux, le déguisement en question consistant en un tout petit accessoire pas si extraordinaire. Mais peu importe. Moi j'ai boudé l'initiative parce que, blindée de convictions justes et honnêtes, j'ai décidé que c'était ridicule et que le principe même me révoltait. Visiblement nous étions beaucoup dans ce cas. Bien que certain(e)s aient expliqué qu'ils ne participaient pas à l'opération surtout pour ne pas "dévoiler leur costume avant samedi soir". Vous voyez c'est pas si facile, Halloween. La prof, quant à elle, portait un gigantesque chapeau de sorcière pendant l'intégralité du cours. Elle a aussi fait monter les déguisés sur l'estrade et les a pris en photo. c'é-tait folklo folklo folklo.
Ensuite, comme on ne s'arrête jamais-oulalala-non-quel-programme-dis-donc, nous avons rejoint, munis de nos citrouilles respectives (il est envisageable que je me lasse d'adorer ce mot un jour? enfin pas respectives hein. citrouille. personne ne peut aimer respectives. enfin on est pas obligé de détester non plus, c'est pas si antipathique. non voilà , ça n'inspire pas grand sentiment. C'est un mot, quoi), la maison de la famille américaine de Vivian, qui nous avait encore adorablement invités à disaïner des citrouilles et manger de la citrouille et dire citrouille tout le temps. Nous avons donc regardé Vivian et Tammie, notre hôtesse, fabriquer la soupe à la citrouille, pendant que Tammie m'expliquait qu'elle n'avait pas eu le temps de faire du "crusty" bread, et qu'elle avait donc fait du corn bread et qu'elle était désolée parce que j'étais française et qu'elle espérait que j'allais aimer le corn bread mais sûrement pas parce que j'étais française et tout et tout. Non décidément, je l'angoisse. Alors je lui ai évidemment dit que c'était très très bien comme ça et que je n'exigeais pas que le monde me donne du pain et des bérets ici, mais que c'était plutôt à moi de découvrir les délices que l'Amérique avait à nous offrir. Je me suis trouvée convaincante. Bon. Nous avons également joué a Guitar Hero en mangeant du guacamole maison, mais ça c'est accessoire. (c'est accessoire?) Nous nous sommes ensuite emparés des outils du kit "carve your pumpkins" acheté à 5 dollars au Walmart afin de nous attaquer à nos citrouilles. Il y avait aussi un carnet de pochoirs nous fournissant des idées/modèles d'expression à donner a nos citrouilles. Bien. Mes abonnements à Astrapi ne m'ayant pas été d'une aide suffisante en matière d'acquisition de compétences manuelles, ou même de goût pour les travaux manuels, je préférais créer ma propre tête et finir dans pas trop longtemps. C'était très drôle, mon moment favori étant celui où l'on vide la citrouille à l'aide de nos mains pour tout splatcher dans un saladier au milieu de la table. Ca c'est un travail manuel intéressant.
L'usine à citrouilles.
Eh je mens pas il y'avait même une contremaître pour nous hurler dessus.
La soupe de citrouille et le corn bread. Le pire c'est que c'était bon.
Nous après minuit.
Suite à quoi nos nouveau parents américains devaient nous emmener au corn maze de Macomb, un labyrinthe taillé dans un champ de maïs, ouvert et, supposément, hanté, à l'occasion d'Halloween ce soir là. J'avais la trouille. Hélas, l'océan pacifique étant goutte à goutte tombé du ciel la veille, nous nous sommes heurtés à un portail fermé. Je ne sais pas encore trop si j'étais rassurée ou triste.
Oh , et on a aussi encore donné plein de bonbons à plein de petits squelettes, lapins, et Oreo qui sont venus toquer à la porte de Chris et Tammie tout au long de la soirée et sont par conséquent tombés sur des étudiants gagas avec des accents bizarres.
Ce même soir je réglai également avec Pablo les derniers détails de notre costume d'Halloween. Nous allions être 4 patients échappés d'asile psychiatrique. Nous avions donc acheté 4 t-shirt blancs 1000XL , restait à en faire des camisoles de force. Ce qui impliquait que Pablo couse (oui, notre groupe est comme un micro-laboratoire d'expérimentation de l'inversion des rôles traditionnels de l'homme et de la femme) des boutons dans le dos de chaque t-shirt, puis perce des trous dans chaque manche, pendant que j'écrivais sur la partie poitrinale de chacun des t-shirt notre numéro de patient, qui serait en l'occurrence notre numéro de téléphone, parce que c'est plus drôle.
Le grand soir arriva. Sur le chemin qui nous séparait de la maison où nous passions la soirée, nous avons partagé un bus avec un prisonnier, batman, 3 policiers, 2 monstres étranges, un superman, 2 clowns, un troll, 3 joueurs de base-ball , une slutty-shérif, une slutty-abeille, une slutty-prisonnière, une slutty-soldat, des slutty-hôtesses, des slutty-serveuses, des slutty-écolières, des slutty-sluts. Énormément de gens nous avaient "mis en garde" de type attention vous verrez les filles ici le principe à halloween est de trouver un thème de costume et de le sluttiser. Et il faut bien admettre, très objectivement, que ça semble être le principe. Répartir quelques centimètres carrés de tissu à sa guise sur l'intégralité du corps, se percher sur un talon michaeljordanien , s'arranger pour que toute forme de sous vêtement soit visible en tout temps, accessoiriser le tout, secouer le tout, et paf, ça fait une américaine d'halloween. C'est fascinant. Bon évidemment encore une fois il y a nombre d'exceptions. Mais une écrasante majorité correspond à la description que je vous donne. Triste contraste avec les ribambelles de 3 years old déguisés en crocodile de la veille. Mais que voulez vous, on a pas de fumée sans casser des oeufs.
Peu importe, la soirée où nous étions était géniale, les gens avaient de chouettes costumes, et la bière avait goût de bière. ouf.
Remarques subsidiaires:
1. Idiot mais vrai: j'ai vu ma première salle d'attente d'hôpital américain. Un pincement, un pincement je vous dis. Notre pauvre pote danois Nick avait un viking dans la joue droite vendredi soir, elle était véritablement enflée , de manière assez inquiétante. Il s'est rendu a l'hôpital samedi, où il l'ont gardé en observation, et nous avons donc essayé de lui rendre visite. C'est en parcourant un couloir de l'hôpital que , observant distraitement les alentours, je sursautai à la vue d'une salle d'attente. Toute la vie d'urgences, Grey's anatomy, Desperate housewives, Sex and the city, Beethoven ou même Maman j'ai raté l'avion ou que sais-je, a défilé devant mes yeux. Pas du tout , j'en fait pas des kilos. La MEME. Tout pareil. C'est pas fou?
2. J'ai vu "Beaujolais nouveau" inscrit sur un panneau a l'entrée d'un restaurant de la grand place Macombaise (oxymore?), et ça m'a enchantée. Simplement parce que je me suis sentie en France l'espace de 2.7 secondes.
3. J'ai fêté samedi soir mon premier steak du trimestre. De ma présence ici. Génial. Nous sommes allés à la Steak house. c'était une bonne idée. Bien que je reste désespérée par ce problème de moutarde, qui est tout sauf dijonnesque dans ce type de restaurant. Mais bon, tant qu'on nous amène 7 verres de coca par repas, on ne peut pas vraiment râler. Par contre ici on ne traîne pas au restaurant. Lorsque l'on arrive aux 3/4 d'achèvement de notre plat, expression de lutte stomacale affichée ou non, la dame vient nous demander si c'était bon et si on veut une boîte. Si oui, elle amène la boîte, et l'addition, et après il faut y aller messieurs dames il faut nous laisser maintenant.
4. Je vous présente Théodore, mon lombric . Je l'ai adopté sur le chemin de mon bâtiment l'autre jour. Leur nombre est plus qu'impressionnant en temps de pluie ici. Une douzaine de vers différents se présentaient à moi à chaque pas, sans exagération. Ils jouent aussi au toboggan aquatique en se laissant emporter par les courants d'eau dans les pentes descendantes du campus, les fripons. C'est cependant pour lui et lui seul que j'ai craqué.
De gauche à droite: un ver de terre, Théodore, un ver de terre.
Le teint blafard qui peut être lié à un néon de la même farine (du même tonneau).
RépondreSupprimerEt alors c'est laquelle ta citrouille à toi ?
RépondreSupprimerJ'ai du mal à croire qu'on puisse vraiment faire cette tête de mort dans une authentique citrouille. Y a un truc ? (La 3ème en partant de la gauche)
Sans vouloir être désagréable, elle est censée vous apprendre QUOI, cette prof de socio ?
Là c'était Jeanne (J the small one)qui a beaucoup ri en rattrapant tout le blog d'un seul coup. ( Bravo pour les crêpes, moi je n'en ai jamais fait sauter une seule. C'est peut-être à cause des 200g de miel qui rendent la pâte un peu collante...)
Ma citrouille à moi c'est la ratée à droite, je l'aime beaucoup. Effectivement la tête de mort est fascinante, elle a été découpée grâce au pochoir et autres accessoires, l'effet rendu sur la photo est vraiment dingue oui!
RépondreSupprimerEt bien étonnamment en marge de toutes ses excentricités cette prof de socio nous apprends plutôt pas mal de choses, ou est du moins plutôt très qualifiée et passionnante dans sa matière. (bon alors tu arrêtes d'être désagréable avec les collègues maintenant tu veux :) )
Normalement, les raisins secs ont justement vocation à empêcher le miel de coller trop violemment. Je suis sûre que tu as oublié les raisins secs.
C'est pareil avec le verbe "darder"! On peut savoir ce qui darde a par le soleil.
RépondreSupprimerEx "Le soleil dardaient ses rayons ardents"
Assurancetourix le darde!
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