Excellent.
Samedi, avec les copains (ce qui inclut ici Marie et Cécile, leur coloc suédois Mattias, et notre Pablo national) nous avons été à Saint-Louis , dans le (mi-chat) Missouri, voir une compétition de Professional Bull Riding. Des gens qui montent sur de taureau de manière rémunérée, professionnelle, et compétitive, en somme.
Il y a deux choses, donc. Tout d'abord, c'était la première fois que je mettais le pied à Saint-Louis . Ce qui va impliquer un bref reportage photo car Saint-Louis est connu pour son immense arche inutile et fascinant . Encore plus fascinant quand on fait partie de ces gens qui aiment les trucs pharaoniques inutiles. Et qu'on vient pour la première fois, contrairement à ces blasés de Cécile, Marie, et Mattias, qui se la jouaient ouais non l'arche c'est bon on a vu, une grande barre de fer courbée qui embrasse la stratosphère, ça va bien deux minutes. Deuxièmement, et bien le bull riding c'était une des choses les plus miraculeusement redneck (=> "que l'on pourrait traduire par bouseux, ou de manière un peu plus familière cul-terreux, si vous voulez" comme l'aurait si brillamment expliqué mon stéphane bern de prof d'anglais de ces deux dernières années) auxquelles j'ai pu assister depuis que je suis ici. Ca mérite donc également description.
Nous sommes donc partis au petit midi, dans la Buick éléphantesque des amis franco-suédois, au travers des champs de neige, et au rythme effreiné d'un trivial poursuit américain à la facilité déconcertante. Tout le monde sait que la convention du parti démocrate de 1969 a eu lieu a Chicago et que le mot le plus court de la langue anglaise qui contienne à la fois A, B, C, D, E et F c'est feedback. M'enfin . C'était bon enfant. Pour l'ambiance, quoi.
Arrivée à Saint-Louis. On avait repéré l'arche depuis quelques dizaines de minutes mais on avait eu un peu de mal à l'atteindre. Le réseau autoroutier américain je vous le donne en mille, c'est le BOR-del.
La je pose devant l'arche. J'étais contente, pourtant, à l'intérieur. Mon cerveau disait "souris" mais mes zigomatiques ne se sont pas exécutées. Je pense que j'étais inconsciemment sous l'emprise de l'arche elle-même, qui me disait plutôt "mi-souris".
Une chouette vue de Saint-Louis de l'intérieur.
L'Arche, elle fait 192 mètres. Presque comme la date de la découverte de l'Amérique mais sans le 4, quoi. Ca a un côté effrayant tout de même ce type de signe du destin.
Bref, c'est haut, 192 mètres.
Symboliquement, elle est là pour représenter la porte de l'Ouest. Elle a été construite en 1954. Ne posez pas de question, je ne sais pas par où passaient les gens, avant, du coup.
(j'accepte très très mal qu'arche soit un nom féminin)
Alors, ils vous en bouche pas un coin notre effet d'optique?
Marie, Mattias, et Cécile, qui non contents de s'en foutre de l'Arche, essayaient de ne pas être trop trop réussis sur les photos.
Mais comme je l'aime bien j'en remets une dernière.
Après l'épisode touristique, nous nous dirigeâmes paisiblement vers le stade de hockey, où se déroulait notre compétition de Bull Riding, qui impliquait une toute autre forme de tourisme. Disons que les gens ont remplacé les monuments, pour faire simple. :)
Alors.
1ère chose fascinante : nous nous sommes installés, tout en haut dans nos rangs pour étudiants précaires, au milieu de dizaines de familles de, et bien cowboys, tout simplement. Tout le monde avait son chapeau de cow-boy. Qui s'accompagnait à priori d'une chemise à carreaux, et de bottes santiaguisantes. C'était vraiment fou, et un peu déroutant, parce que tout de même enfin je pensais pas que ça existait encore à ce point, des gens qui mettent des chapeaux de cowboy. Même pour l'occasion. Détail chouette, les enfants ne dérogeaient absolument pas à la règle, et nombreux était les 4-7 ans affublés d'un superbe chapeau à leur taille et de l'archi mignonne chemise à carreaux qui l'accompagnait. Les figures féminines, dans tout ça, tâtonnaient un petit peu plus , et ne savaient clairement pas trop où se placer. On avait quoi on avait de la tendance veste en cuir et harley davidson, du chemisier à carreaux, du jean taille haute que même les taille hautes à côté c'est des tailles basses (comme formulé dans Joyaux de la grammaire française, Nathan, 1998) , des santiags, des vestes en jean à broderies discutables, bref une sorte de gigantesque patchwork des styles vestimentaires les plus effrayemment Jackie Sardou du Midwest.
Ah oui et une densité de vestes/casquettes à motif forestier ou feuilles d'automne jamais encore égalée. Je dirais , de manière assez certaine et sans pour une fois grande exagération, qu'une personne sur deux avait un accessoire forêt.
Pour exemple de notre entourage, voici la vue depuis mon siège:
Le monsieur du premier plan était mon préféré. Il avait TOUT. Un beau chapeau, une bague très volumineuse à l'annulaire droit, des bottes noires avec du fer au bout, le jean, la chemise rayée bleue, et ..le move, le flow, l'attitude, mais ça nous y reviendrons plus tard.
L'arène. Il y avait une voiture, aussi. Pour une impression d'achevé. Non si je vous assure que quand la pub, sur l'écran de droite, c'était Jack Daniels, cette sensation d'achevé était vraiment prégnante.
2ème chose fascinante: les préliminaires. A 18h50, les festivités commencent. Un ou deux cowboys s'échangent des banalités d'accueil sur le grand écran (enfin surement dans la véritable vie aussi mais on voyait pas trop), on ne comprend pas tout mais ils nous souhaitent la bienvenue alors on fait wouhou. Ensuite, et bien la prière. Normal. Donc tout le monde se lève, n'enlève pas son chapeau-non-quand-même-faut-pas-pousser-la-bigoterie, et l'un des présentateurs remercie globalement Dieu d'avoir créé les taureaux et l'Amérique, avant de dire que le pardon c'est bien, et Amen (que tout le stade reprend avec enthousiasme) . Le temps d'un 7ème rappel des sponsors de l'évènement et nous passons à l'hymne national. Tout le monde reste donc debout, et une petite chorale en blanc, installée sur le sable de l'arène, entonne un Star-spangled Banner très accoustique. Le plus classe, c'est que (nous l'appellerons) Rudy, devant moi, est en position de salut militaire tout au long de l'hymne. Dites moi que vous commencez à véritablement comprendre pourquoi il fut mon indiscutable coup de coeur.
Fin des préliminaires: ça. Je ne décris rien, tout y est. Dans cet océan de fumée et de flammes défilent ensuite un à un les bull riders du jour, pendant que l'écran géant nous fait part de leur photo et de leurs titres éventuels. Ah ba oui c'est qu'il y avait quelques champions dans le tas. Le champion du mon 2009, notamment.
PBR comme Brofessional Rull Piding, s'il est besoin de le préciser.
Un tout petit bull rider qui défile devant sa grande grande photo. Les photos sont globalement très mauvaises, nous étions vraiment loin, mon appareil est loin d'être pro et tout cela remuait beaucoup.
Parlons principe et règles quelques instants. Le but pour les messieurs à chapeau était de se maintenir 8 secondes sur le taureau surexcité. Le taureau était entouré d'une corde derrière les jambes avant, corde à laquelle était savamment accroché le bull rider, et d'une corde devant les jambes arrières , destinée à le faire ruer, bucker ou, plus scientifiquement, péter un câble, afin de bucker le rider off. Lorsque le rider a atteint huit secondes, un buzz sonore retentit (oh oui oh oui j'ai dit buzz, sonore, et retentir tout d'un coup et de manière grammaticalement liée) et le rider, s'il est en position de contrôle relatif du taureau, parvient à s'en ejecter en retombant sur ses pieds, ce qui est le scénario le plus souhaitable pour lui. Sinon, il fait tout son possible pour tenir 8 secondes, le buzz rententit, et il se fait misérablement éjecter au sol par le taureau. Dernière hypothèse, le rider tient 3.8 secondes avant de se faire violamment zigouiller par le taureau. Si certains scénarios sont plus souhaitables que d'autres, c'est bien sûr parce que tout cela repose sur un nombre de points, attribués par des juges, comme au patinage artistique. (le seul proche voisin que j'ai pu trouver) Les points vont de 0 à 100. Et les critères sont premièrement les 8 secondes, deuxièmement le contrôle du rider sur le taureau et sa relative coordination avec les mouvement de ce dernier, et enfin le fait qu'aucun des membres supérieur du rider, à l'exception de la main d'accroche, ne touche le taureau pendant ces huit secondes, car c'est disqualificatif. C'est la raison pour laquelle les types qui font du rodéo ont toujours une main dans les airs. Moi qui croyait que c'était pour la classe du geste. Quelle déception.
Quelques photos donc, mais vous comprenez bien qu'avez ces histoires de hauteur, de huit secondes et de gigotement longitudinal (quoi?) ce ne fut pas tâche aisée:
Les deux camarades qui s'agitent autour sont des Dickies ou bullfighters, les monsieurs de la sécurité qui distraient le taureau une fois le rider à terre, pour ne pas qu'il l'achève. Moi je trouve que c'est empiéter sur les droits des taureaux à ce que justice soit faite relativement à la corrida, m'enfin bon personne n'avait l'air de vouloir militer avec moi.
Troisième chose fascinante: il y a un autre monsieur de la sécurité, LE vrai cowboy de l'histoire, qui s'occupe de ramener le taureau à la maison lorsque ce dernier ne s'exécute pas tout seul et part pour quelques tours de piste. Ce cowboy là a un lasso authentique, et le lance autour du coup du taureau avant de le ramener paisiblement chez lui.
L'homme qui parle sur la video, c'est l'un des prodiges essentiels de cette compétition. C'est le clown, celui qui fait des blagues et des danses et des interview à tendance blagueuse et dansante pendant que les taureaux et leurs monteurs s'installent. Il a pour de vrai un maquillage de clown, ainsi qu'un chapeau de cowboy et un maillot Enterprise Rent-a-car, sponsors de l'évenement. Il imite Michael Jackson de manière assez réussie, parodie Titanic sur les barrières de protection, fait des blagues quand les taureau rechignent trop longtemps à rentrer dans leur enclos , fait mine de fuir le taureau quand celui-ci s'échappe autour du terrain, nous repère les accoutrements de suppoters les plus ridicules de la soirée et nous demande de faire du bruit. Il est parfait, en somme. Voici son petit podium:
Quatrième chose fascinante: dans la famille chasse, pêche, nature et tradition, vous pouvez aussi demander les activités de mi-temps. Ci-dessous, par exemple, trois humains couvre-chefés ont pour but d'attraper/envoyer l'hameçon de leur canne à pêche le plus près possible des gros faux poissons disposés à gauche de la photo. Intérêt 0 - Sortidenulle part 1.
En résumé, c'était 2h de "je ne peux pas être en train d'assister à ça" qui conjugué au "oh la vache je suis en train d'assister à ça" donne une fascination durable.
Quelques rodéos:
Une vidéo un peu longue mais il était toujours difficile d'évaluer le moment de sortie du taureau. et avec 8 secondes, PAS LE DROIT à L'ERREUR. Et puis elle est assez représentative, on y voit tout ce que je viens d'expliquer, excepté le travail du lasso, camouflé par un volumineux chapeau de cowboy. ah le con.
Un exemple de la rapidité avec laquelle un rider peut se faire mignonnement ratiboiser.
BONUS TRACK:
Rudy est devenu complètement fou sur Cotton-eyed Joe. Rien à faire. On ne l'arrêtait plus. La sécurité a du passer à l'action après 12 minutes, pour lui expliquer qu'il fallait arrêter de taper dans les mains parce que maintenant c'était Rihanna.
(vous en déduirez que la bande son était également une prodigieuse composante de ce spectacle hors-normes)
Ensuite nous avons repris la route, en essayant de ne pas trop nous dire qu'on avait adoré le bull riding, parce que quand même , taureau la loose.
John Wayne vous claque une bise.
:)
ps: je conseille joyeusement le blog de Marie (marge de droite) pour des vraies photos réussies parce que tout de même ça vaut pas mal le coup.
Taureau la loose. Vraiment? Tu as osé?
RépondreSupprimerben ouais. oh l'angoisse.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerAu nom de la "ligue des faiseurs de jeux de mots qu'on y pense, qu'on ose pas les dire et qu'on les dit en surjouant l'auto-dérision, je valide."
RépondreSupprimerSur ce je m'en retourne buller
Extra. Tu sais bien sûr que porter ce genre de tenue fait partie de mes rêves aussi secrets que celui de devenir Billy Joel.
RépondreSupprimerC'est-à-dire top secret. (Jeanne)
RépondreSupprimerLes photos du blog marie sont saisissantes !
RépondreSupprimerBienvenue dans le club des faiseurs de jeux de mots à 2 balles, continuez vous êtes, chère condisciple sur la bonne voie. Par ailleurs c'est sur que les photos de Marie (la seule , l'unique , la vraie) sont super car bon sang ne saurait mentir ! Petit correctif, on ne dit pas bouseux ou cul-terreux mais " représentant de la ruralité " La vraie Marie ( et toc ) vous expliquera pourquoi. Sinon bravo !
RépondreSupprimerAu nom de tous les Marnay, je tiens à m'excuser pour les propos ci-dessus. Nous n'avons aucun lien de parenté avec ce dénommé "Papou", et ne sommes en aucun cas responsables des points de vue exprimés par cette personne.
RépondreSupprimerEncore une fois, pardon.